Le « et en même temps » prôné par le Président de la République montre ses limites à l’échelle européenne : depuis plusieurs jours, des journalistes italiens bien informés et des proches conseillers d’Emmanuel Macron faisaient état d’une alliance possible entre le Mouvement 5 étoiles en Italie et En Marche en France à l’occasion des prochaines élections européennes.
Hier, « En Marche en Europe » a diffusé un communiqué de presse – retiré depuis – qualifiant ces informations de « Fake news » et indiquant notamment : « les valeurs progressistes d’ouverture et d’humanisme qui font la colonne vertébrale de l’Europe en Marche ne sont pas compatibles avec les positions démagogiques et populistes, et ouvertement eurosceptiques, du Mouvement 5 étoiles » .
Ce communiqué a été désavoué par le Parti En Marche, ce qui signifie donc que des discussions sont bien en cours. Le Parti a cru utile de préciser qu’En Marche est un mouvement, La République en Marche un parti et l’Europe en Marche une association, et que « Sur l’Italie, comme pour l’ensemble des sujets de politique étrangère, seul @enmarchefr s’exprime au nom de #LaREM »…
Une des leçons que nous retenons du quinquennat précédent, c’est que « quand c’est flou, il y a un loup ».
Faut-il rappeler que l’allié européen de M. Macron, M. Verhofstadt, avait déjà tenté une alliance avec le Mouvement 5 étoiles ? Est-il nécessaire de rappeler que le groupe parlementaire où siègent depuis 4 ans les élus du Mouvement 5 étoiles est le même que celui où siège M. Philippot et les UKIP, tenants du Brexit, dont M. Farage ?
C’était donc ça « et en même temps » ? Gagner une élection présidentielle contre Mme Le Pen avec un discours pro-européen le lundi, s’allier avec des proches de M. Philippot et M. Farage au discours anti-européen le mardi ?
La vérité dont les Français sont de moins en moins dupes c’est que le start-up parti de M. Macron – et ses succursales dans des paradis idéologiques – n’a d’autres aspirations que de conquérir des parts de marché, en France et en Europe, avec une stratégie qui relève du marketing et non pas de la philosophie politique. Pourfendeur des populistes un jour, En Marche cherche désormais des alliances parmi les autres partis qui prospèrent sur fond de dégagisme.
Cette stratégie est inquiétante car elle pourrait faire une victime : la démocratie.