Vincent Peillon, rapporteur. – Madame la Présidente, Madame le Commissaire, mes chers collègues, je voudrais d’abord remercier les collègues de la commission du développement, et particulièrement les rapporteurs fictifs. Le travail que nous avons conduit ensemble nous a permis d’obtenir un vote à l’unanimité en commission, moins une abstention. Je souhaite que cette unité se retrouve demain, car cela donnera de la force à la position du Parlement. D’autant plus que cette unité s’est faite non pas au détriment, mais au service de positions fortes, claires et précises.

Ce rapport, il a d’abord pour but de remettre l’éducation au cœur des politiques de développement.

L’éducation, c’est plus que l’éducation. Citée de nombreuses fois ce soir, elle est bien sûr un but en soi parce qu’elle conditionne les progrès dans de nombreux domaines: la santé, la démocratie, le développement économique, l’égalité homme-femme. Essentielle et exigeante, s’agissant d’une politique complexe et à long terme, l’éducation a pourtant été délaissée.

Au niveau mondial, tout comme au niveau de l’Union européenne, l’aide a baissé entre 2009 et 2015. Elle est passée de 11 % de l’aide totale de l’Union européenne à 7,5 %, et, à l’échelle mondiale, de 8,3 % à 6,2 %. C’est tout à fait contradictoire avec les objectifs affichés.

Bien sûr, des efforts ont été engagés depuis 2016, ils méritent d’être salués. Mais ils sont insuffisants pour rattraper le retard accumulé. Ils doivent donc non seulement être poursuivis dans la durée, mais ils doivent aussi être largement amplifiés. Il nous faut pour cela prendre des engagements financiers et consacrer, à l’horizon 2030, 15 % de notre aide au développement à l’éducation.

Des objectifs précis doivent être inscrits dans le prochain cadre financier pluriannuel. Dans le même temps, la Commission doit maintenant s’interroger sur la manière de réaliser l’objectif de développement nº 4 et définir une stratégie en ce sens. Elle doit le faire dans une nouvelle communication, qui viendra remplacer son dernier texte de 2002, mis à jour par un document de travail en 2010.

Il faut donc inscrire l’éducation comme priorité des politiques de développement. Pour être efficace, il faut fixer des priorités claires. C’est ce qu’a fait la commission du développement. Nous assumons des choix.

Nous fixons deux priorités. La première, assurer une éducation de base gratuite et de qualité pour tous. Je parle bien de l’éducation de base, qui a été fortement touchée par les baisses de crédits. L’éducation de base et inclusive correspond au cycle d’enseignement primaire et secondaire de douze ans et doit être gratuite. Nous devons donc soutenir l’éducation publique et non pas des établissements privés commerciaux qui cherchent à tirer profit du marché de l’éducation, comme ils le feraient de n’importe quel autre marché. C’est la première priorité.

La deuxième, c’est de renforcer notre soutien aux pays les moins avancés, non seulement parce que ce sont évidemment ceux qui en ont le plus besoin, mais aussi parce que c’est là que l’aide est la plus efficace.

Ces deux priorités ne sont pas les priorités que nous poursuivons aujourd’hui, il faut donc rectifier le tir.

L’Union et les États membres doivent consacrer d’ici à 2030 au moins 50 % de leur aide à l’éducation de base et au moins 40 % de leur aide, toujours à l’horizon 2030, aux pays les moins avancés.

Ce sont donc des objectifs clairs et précis, des priorités assumées.

Enfin, il faut que cette aide soit plus efficace, il ne suffit pas seulement de mettre davantage d’argent, il ne suffit pas seulement de répondre à des priorités claires, il faut la mettre en œuvre de manière efficace. Nous avons besoin d’instruments d’évaluation fiables, précis et indépendants.

L’aide des États membres doit se conjuguer, se coordonner avec des délégations ou de la programmation conjointe. Nous voulons aussi que nos partenaires s’approprient ces politiques et c’est pour cela que nous avons choisi de privilégier l’appui budgétaire.

Enfin, un tiers seulement de l’aide destinée à l’éducation vient des organisations multilatérales, contre deux tiers dans le domaine de la santé. Il faut renforcer la participation des organisations multilatérales, et en particulier le partenariat mondial pour l’éducation.

Nous disposons à présent d’un rapport concis et clair, qui fixe des priorités politiques, des méthodes à privilégier et des objectifs chiffrés.

Je souhaite que ce texte soit adopté demain par la plus grande majorité du Parlement, de telle sorte qu’il puisse être utile à tous les acteurs de l’éducation.