Les eurodéputés socialistes français demandent un plan stratégique d’envergure pour les protéines en Europe. L’adoption du rapport de Jean-Paul Denanot est l’occasion d’appeler la Commission européenne à enfin s’atteler à ce grand chantier afin de renforcer l’indépendance de l’UE à l’égard des marchés extérieurs, de promouvoir une alimentation durable et une agriculture plus respectueuse de la biodiversité et des sols.

Strasbourg – Le Parlement européen réuni en session plénière a adopté hier à une large majorité le rapport Denanot « une stratégie européenne pour la promotion des cultures protéagineuses ». Il analyse globalement les besoins en protéines végétales dans l’Union européenne et propose des pistes d’actions concrètes qui pourraient être intégrées dans la PAC post-2020.

À l’heure où nous craignons une escalade du conflit entre les États-Unis et la Chine et ses possibles répercussions sur le secteur agricole, ce rapport remet en selle la filière des protéagineux qui représente un des enjeux les plus capitaux pour la sécurité alimentaire de demain.

Bien que le sujet soit sur la table depuis plus d’une dizaine d’années, l’Union européenne importe aujourd’hui la majorité de son approvisionnement en protéines végétales, le plus souvent sous forme de soja génétiquement modifié.

Cette situation de dépendance vis à vis des pays tiers n’est tenable ni du point de vue de la sécurité alimentaire, ni au plan environnemental : elle entraîne des dommages irréversibles pour la biodiversité à l’image de la déforestation, mais représente également une empreinte carbone considérable !

Pour sortir de cette situation, nous demandons avec Jean-Paul Denanot un véritable plan d’approvisionnement stratégique qui mobilise les politiques agricoles, de recherche, de commerce et en matière de voisinage.

Les légumineuses ne manquent pas d’avantages : elles ont la propriété unique de capter l’azote atmosphérique qui permet aux agriculteurs d’utiliser moins d’engrais azotés, génèrent de nombreux coproduits et s’insèrent pleinement dans l’économie circulaire.

Il est indispensable que ce « plan protéines » de moyen et long-terme valorise les cultures riches en protéines, mais aussi les surfaces fourragères et en herbe ! Les incitations à la production de plantes fixatrices d’azote doivent être au cœur de la future PAC, déclinées à travers un ensemble de mesures comme les aides couplées, les associations de culture, et une aide aux services écosystémiques.

Après la déclaration sur le soja européen au Conseil, le Parlement européen envoie un signal fort : la Commission doit entendre cette urgence !