Mme von der Leyen a présenté hier la distribution des responsabilités au sein de son collège. Pour les eurodéputés de la gauche sociale et écologique, cette proposition est à ce stade irrecevable ; elle devra être modifiée en conséquence pour bénéficier de notre soutien.

La création d’un Vice-président en charge de « la défense de notre mode de vie européen » est inacceptable ; et manifestement ce constat est partagé bien au-delà de nos rangs. Si, dans ce portefeuille était intégrée la défense de nos valeurs, de l’État de droit, de notre modèle social, de l’égalité cela serait une bonne nouvelle. Mais que contient le portefeuille de M. Schinas, le commissaire associé ? Les questions migratoires, d’asile, de sécurité, de protection des frontières. Le message est clair, c’est là le retour du sinistre débat sur « l’identité nationale » de Nicolas Sarkozy, à l’échelle européenne : les migrants, les étrangers, menaceraient, d’après la Commission présidée par Mme von der Leyen, notre mode de vie. Reprendre les thèmes de l’extrême droite n’a jamais aidé à lutter contre elle : au contraire, cela la légitime et la renforce.

L’État de droit sort du portefeuille d’un Vice-président exécutif et la défense des libertés fondamentales, de la démocratie et de la citoyenneté se retrouvent éparpillées dans des portefeuilles distincts, ce qui interroge quant à la cohérence et l’efficacité des actions menées. Sans parler du candidat hongrois, ancien ministre de la justice de M. Orban qui a démantelé l’État de droit dans son pays, et qui sera chargé de veiller au respect de celui-ci dans les pays candidats et dans la politique de voisinage…

Enfin, concernant l’attribution d’une Vice-présidence à M. Dombrovskis : comment y voir autre chose que le contrôle des commissaires socialistes par une tutelle austéritaire et conservatrice ? Frans Timmermans se voit allouer un portefeuille dont l’ambition politique relève de l’urgence absolue. Néanmoins, pour être à la hauteur des défis auxquels nous faisons face, des moyens dédiés appropriés doivent lui être, ce dont nous doutons à l’heure actuelle, d’autant que Frans Timmermans se retrouve pris en étau entre un Vice-président de droite, et une Vice-présidente libérale.

Alors oui, ce collège est paritaire, et c’est une bonne nouvelle. Mais cette nouvelle ne pourra pas être l’arbre qui cache la forêt du contenu politique. Pour relever le défi démocratique, social et écologique, nous aborderons les auditions des Commissaires candidats avec un degré d’exigence et d’ambition plus que jamais élevé.  Nous nous battrons, avec les syndicats européens et notamment la CES menée par Luca Visentini, pour obtenir des garanties sur le programme de travail de la Commission européenne ; plusieurs précisions et modifications doivent ainsi être apportées afin que ce collège obtienne notre soutien.