Le gouvernement français vient d’annoncer des mesures concernant l’immigration. Le Président de la République poursuit son offensive sur le terrain régalien en perspective des élections municipales et présidentielles. Il livre en pâture les questions de migration, que l’opinion publique ne place pourtant pas parmi les sujets prioritaires de préoccupation, afin d’étouffer la contestation sociale sur les retraites et sur l’assurance chômage.
Outre qu’elles n’empêcheront pas des désespérés des guerres ou de la pauvreté de migrer – ce qui est l’option recherchée par les autorités françaises – les mesures proposées sont aussi dangereuses, car elles vont précariser encore plus un public déjà vulnérable.
Sans pouvoir être exhaustifs, nous dénonçons parmi les nombreuses mesures celles en matière de santé et de quotas.
Le gouvernement parie qu’un délai de carence sur l’accès aux soins pour les demandeurs d’asile fera mécaniquement baisser la demande. En réalité, ce n’est pas l’attractivité de notre système de santé qui en est l’origine mais un pur effet mécanique : les demandeurs d’asile déboutés dans d’autres pays européens demandent aujourd’hui l’asile en France. De plus, les personnes malades verront leur état s’aggraver et finiront aux urgences, dont la situation catastrophique n’est plus à décrire.
Les quotas professionnels sont présentés comme une mesure « d’ouverture ». Au-delà de l’antinomie, nous nous étonnons de cette annonce qui ouvre un nouveau débat inutile sur la migration économique lorsque l’urgence est à l’accueil des demandeurs d’asile. La liste des métiers en tension reflète une situation figée à un moment précis : comment sera-t-elle adaptée à l’évolution permanente du monde du travail ? Ce n’est pas une solution pérenne.
On ne compte pas moins de deux circulaires, deux lois et un décret sur les questions d’immigration depuis le début du quinquennat. L’accumulation de textes est un signe de fébrilité et ne fait pas une politique efficace, c’est même l’inverse.
Signe de l’erreur du « en en même temps » ces mesures, pensées pour plaire à un électorat toujours plus à droite -comme son interview dans Valeurs actuelles-, ne lui suffiront pas et ne conviendront pas non plus aux progressistes.
En critiquant cette position, nous sommes réalistes et nous savons que les issues sont à rechercher à l’échelle européenne. Emmanuel Macron devrait porter plus d’efforts à trouver des solutions aux blocages européens. Un mécanisme solide et partagé de répartition des migrants aurait évité l’augmentation des demandes d’asile en France. Il aurait permis depuis des années d’accueillir dignement les migrants, sans avoir à développer cet arsenal restrictif.