Les eurodéputés français du groupe S&D n’avaient pas soutenu M. Juncker à la Présidence de la Commission européenne. À l’heure du bilan, avions-nous raison ?

L’honnêteté commande : son bilan est bien meilleur que celui de son prédécesseur, M. Barroso.

Pour autant, ce bilan est-il à la hauteur de ce que M. Juncker a lui-même appelé « la Commission européenne politique de la dernière chance » ? Assurément non. Mais là encore, l’honnêteté oblige : est-il le seul responsable ? Réponse encore négative : les chefs d’État ou de Gouvernement sont encore plus comptables que lui de l’état dans lequel se trouve l’Union européenne.

Cette dernière n’a toujours pas réformé le règlement de Dublin, ne dispose toujours pas d’un budget pour la zone euro ni d’un budget à la hauteur et de ressources propres, la transition environnementale de notre économie n’est pas beaucoup plus avancée, la logique des traités de libre-échange continue et s’accélère, il n’y a toujours pas de SMIC européen, l’état de droit reste attaqué au sein de l’Union européenne, la lutte contre les pesticides et herbicides fait des pas en arrière… Sur ces quelques exemples, à qui la faute ? Pas seulement à Monsieur Juncker et sa Commission. Loin de là. 

On pourrait lui reprocher à de n’avoir pas assez affronté les chefs d’État ou de Gouvernement. Mais reconnaissons qu’après les 10 années de Présidence Barroso, qui avait transformé la Commission européenne en paillasson, la pente à remonter était raide et les habitudes bien prises… C’est d’ailleurs une inquiétude profonde vis-à-vis de la Commission von der Leyen : ne va-t-elle pas aller en arrière en mettant dans la main des chefs d’État ou de Gouvernement l’Institution dont elle a la charge ? Aussi, c’est avec la satisfaction de voir que l’Union européenne est toujours là que nous disons au-revoir à M. Juncker. L’Europe, c’est comme la bicyclette : si elle n’avance pas, elle tombe, a coutume de dire Jacques Delors. Le vélo communautaire n’est pas tombé dans le ravin pendant cette législature, mais il n’a pas vraiment avancé non plus. Les périls ont grandi et les réponses ne sont toujours pas à leur hauteur. Nous ne regrettons pas Monsieur Juncker, mais rien n’assure que l’avenir immédiat soit meilleur.